ESPRIT DU RITE

QUESTIONS


Pourquoi Ancien ?

A l’origine de notre Rite, on trouve 

le Rite de Misraïm (Venise1788) 

et le Rite de Memphis (Montauban 1815). 

C’est le Grand Maître Garibaldi qui prépara 

et réalisa la fusion des deux Rites en 1881.

 


Pourquoi Primitif ?

Le Rite actuel de Memphis-Misraïm 

a une première filiation qui vient du Rite Primitif de

Paris en 1721, et ensuite du Rite Primitif 

des Philadelphes à Narbonne en 1779.

 


Pourquoi Memphis ? 

Memphis est une cité de l’Egypte ancienne située 

à la pointe du delta du Nil. 

C’est là que fut créé le Rite par des Initiés 

en contact avec cette antique civilisation.

 


Pourquoi Misraïm ?

Ce mot est le pluriel d’égyptien. 

Il apparaît à Venise, dans un groupe de Sociniens. 

La patente de constitution fut donnée par Cagliostro. 

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L'ESPRIT ET LA STRUCTURE DU RITE


L'ESPRIT ET LA STRUCTURE 

DU RITE ANCIEN ET PRIMITIF 

DE MEMPHIS-MISRAÏM 



Par le F W.: R.:

 

Introduction


  L'Ordre Maçonnique Universel du Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm réunis est un Ordre Initiatique Traditionnel pratiquant le Rite de Memphis-Misraïm. Son principal objectif est de permettre à ses membres de retrouver les enseignements des anciennes écoles de mystères qui ont donné à l'humanité de grands Adeptes (tels que Moïse, Pythagore, Platon, pour ne nommer que ceux-là). 


Comme tel, il se considère comme l'un des rameaux de l'Ordre maçonnique. Je sais bien que certains auteurs nient la réalité concrète de l'Ordre maçonnique et estiment qu'il n'existe que des Obédiences rivales dont la première ne remonte qu'à 1717. Je ne suis pas de cet avis. Il existe bien un Ordre (Universel) qui est cependant représenté actuellement par la Franc-Maçonnerie Traditionnelle et Initiatique qui n'a pas d'origine historiquement connue et remonte selon l'expression consacrée à des temps immémoriaux.


C'est en tout cas une forme d'initiation antérieure au Christianisme et qui a été seulement acceptée par celui-ci.  L'Ordre Maçonnique est le dépositaire du courant ésotérique ininterrompu qui véhicule les Vérités profondes susceptibles d'apporter les réponses adéquates aux questions que ne cessent de se poser ceux qui méditent sur le sens de la Vie, de l'Univers, la place de l'Homme dans cet Univers, ainsi que le but de son existence.


Ce courant est tantôt souterrain, tantôt plus visible, mais il reste toujours malaisé à appréhender. L'Ordre est le dépositaire et le véhicule de la Tradition que je qualifierais volontiers à la suite de René Guénon, de Tradition Primordiale, tronc originel de toutes les branches traditionnelles qui ont emprunté les différents courants civilisateurs qui se sont succédé sur notre planète. Cette Connaissance traditionnelle primordiale constitue le fonds commun de toutes les Initiations et son contenu s'est transmis par la méthode symbolique jusqu'à nous à travers toutes les fraternités secrètes dont la longue chaîne n'a jamais été interrompue. 


Tout autre est la notion d'Obédience.


Une Obédience est une association librement consentie de loges maçonniques qui désirent bénéficier d'une organisation et d'une administration communes. Si toutes les loges de cette Obédience pratiquent le même Rite, l'Obédience s'appelle Grande Loge. Si, au contraire, elles pratiquent plusieurs Rites, elles forment un Grand Orient qui est une fédération de Rites. Une Obédience est donc une administration d'ordre profane qui n'a rien à voir avec la Tradition Initiatique, donc n'a aucune valeur, ni qualité initiatique ou symbolique.


Comme le dit Marius Lepage :"Les obédiences, quelles qu'elles soient, sont particularistes, influencées par les conditions sociales, religieuses, économiques et politiques des pays dans lesquels elles se développent. Si l'Ordre se situe par essence au dessus des contingences, l'Obédience est soumise à toutes les fluctuations inhérentes à la faiblesse de l'esprit humain."


Je vous rappelle qu'à l'Obédience sont normalement réservées les relations extérieures avec les autres obédiences, avec les pouvoirs publics, la gestion du patrimoine immobilier et de l'ensemble du temporel, la délivrance des diplômes etc. … bref toutes fonctions profanes. C'est pourquoi nous ne parlons jamais d'obédience de Memphis-Misraïm, mais bien d'Ordre Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm pratiquant un Rite spécifique et, si, à deux ou trois reprises, nos Grandes Constitutions parlent d'Obédience, c'est à propos de points administratifs sans rapport avec la Tradition Initiatique. 


Ce terme Obédience prête d'ailleurs à confusion, puisqu'il vient du latin Oboediens, qui signifie obéissant, soumis, docile. Donc Oboedientia = obéissance, soumission. On en déduirait que tous les Maçons d'une obédience déterminée doivent obéissance et soumission au pouvoir temporel que représente à l'heure actuelle l'Obédience. 

 Ce pouvoir a pris effectivement beaucoup d'ampleur depuis 1717 et toutes les Grandes Loges et Grands Orients ont actuellement à leur tête une Grande Commission présidée par un Sérénissime Grand Maître dont les avis, les décisions, voire les décrets ont force de loi sur toutes les loges de leur juridiction. Ceci consacre la primauté du profane sur le Sacré.

   


 

 L’esprit de notre Rite 


Les Maçons de Memphis-Misraïm conçoivent la Franc-Maçonnerie comme un Ordre qui se situe en dehors du temps et de l’espace. Elle unit les initiés de tous les lieux et de toutes les époques, frères de toutes conditions, de toutes origines, de toutes croyances ou philosophies qui conjuguent leurs efforts en vue de la construction du Temple idéal de la Vérité, de la Justice et de la Concorde. 

C’est bien pour cette raison que le Vénérable Maître, lorsqu’il ouvre et ferme les travaux, le fait au nom de l’Ordre Maçonnique Universel du Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm et non au nom d’une Grande Loge du Rite qui en est, comme obédience, la structure administrative.


 C’est ici aussi que le vocabulaire employé dans les textes différencie ce qui est du ressort de l’initiatique et du sacré et ce qui est du ressort du profane. C’est ainsi aussi, par exemple, que si les Grandes Constitutions parlent du Grand Architecte de l’Univers, nos Rituels, à tous les degrés, imposent le travail à la Gloire du Sublime Architecte des Mondes, non par une excentricité quelconque, mais par le souci d’être cohérent avec la cosmologie de l’Egypte antique et l’héritage spirituel qu’elle nous a laissé, héritage que les auteurs des rituels ont voulu nous transmettre.


 Il faut savoir en effet que, pour les Egyptiens, dans un univers au-delà du réel, résident des principes divins qui sont à l’origine de tous les phénomènes terrestres. Il existe une correspondance, un lien de cause à effet entre ce monde supérieur, céleste, et son image terrestre, l’Egypte. Il y a donc pluralité des mondes. L’Egypte, considérée comme l’image du ciel, doit refléter le même ordre, et pour cela possède la même organisation hiérarchique. Le roi est donc la contrepartie terrestre du Démiurge. Il sera reconnu, dès l’Ancien Empire, comme son fils. 


Le roi terrestre devra donc assumer sur terre les fonctions correspondantes à celles qu’assume son père dans le ciel. Son premier devoir est de faire respecter l’Ordre de Maât parmi les hommes, c’est-à-dire l’éthique, afin de conserver une relation harmonieuse entre le ciel et la terre. Cette relation harmonieuse conditionne en effet la bonne marche du monde. Pour entretenir cet accord, le roi devra rendre le culte aux divinités ; c’est ainsi que vont être établis les rites.


Par l’intermédiaire de ces rites pratiqués dans les temples terrestres et en vertu de la loi d’analogie et de correspondance, l’homme agit dans le monde céleste. Ce monde céleste recelant la cause des phénomènes physiques, par le rite, l’homme a trouvé un moyen d’action sur les phénomènes naturels.


Les rites sont des pratiques de magie sympathique établies sur le principe de la correspondance : toute action dans un temple terrestre a des répercussions dans le monde divin. C’est à ce titre que le Vénérable, reflet de la Puissance créatrice, rend un culte au Sublime Architecte de tous les Mondes.


 Par le Rite, le monde supérieur est mû depuis le monde inférieur et vice-versa. Dans la Table d’Emeraude, il est dit : « Il monte de la terre au ciel et il redescend sur terre en recueillant la force des choses supérieures et inférieures. » Le but du Rite est la répétition des lois de la Nature en tant qu’imitation de l’ordre cosmique, qui consiste à réitérer le mystère de la divinisation de l’homme.


 C’est le fondement du Rite de savoir que les effets se produisent dans le monde physique et que les causes se créent dans le monde métaphysique, c’est pourquoi rien ne se produit ici-bas qui, avant, ne se soit produit dans l’au-delà. C’est pourquoi contrairement à certains courants qui en appellent à la raison souveraine pour écarter, avec plus ou moins d’honnêteté, les sciences d’Hermès, l’alchimie, étiquetées avec mépris du mot « occultisme », le Rite revendique la dimension occulte.[1] 


Du fait qu’il est totalement projeté vers la spiritualité, le Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm n’a pour fins ni le lucre ni un quelconque pouvoir socio-politique. En effet, il se désintéresse de la politique et place toutes les confessions religieuses sur le même plan, en ce sens qu’il les admet toutes avec la même dignité. 


Les Maçons de Memphis-Misraïm considèrent que plus qu’une institution, la Franc-Maçonnerie est une méthode traditionnelle d’accès à la Connaissance et, par elle, à la liberté. La recherche fondamentale est celle de la Vérité et celle-ci ne peut être ni chrétienne, ni bouddhique, ni islamique, ni même maçonnique. Elle n’est que la Vérité et son origine se situe au centre de la Tradition. 


Il est pour eux clairement compréhensible que la recherche de la concordance dans la Connaissance, dans les conduites rituelles, dans le symbolisme, dans les règles de vie, mène à un approfondissement des sources initiatiques. 

L’Ordre Maçonnique universel du Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm a pour caractéristiques principales d’être : 

  -     spiritualiste et déiste ;

  -     symbolique et initiatique ;

  -     ésotérique ;

  -     de Maçonnerie égyptienne;

  -     traditionaliste. 

Notre Rite est spiritualiste et déiste.


1) Pourquoi est-il spiritualiste ? 

Parce qu'il se conforme à la Tradition et que tous les rameaux de la Tradition enseignent que la Constitution de l'Homme est ternaire: esprit, âme, corps, dans un fonctionnement hiérarchique qui subordonne le corps physique à l'Ame et l'Ame à l'Esprit. Il est d'ailleurs classique de citer l'image évocatrice de Platon, reprise par Papus dans son ouvrage : "Traité méthodique de Sciences occultes", du cocher, du cheval et de l'attelage. Le cocher symbolise l'Esprit, le cheval symbolise l'âme, c'est-à-dire l'anima, le moteur de nos fonctions vitales, et l'attelage correspond à notre corps physique. 

La primauté de l'Esprit est donc une recherche pour tout franc-maçon et la Franc-Maçonnerie est réellement une doctrine de l'Eveil à cet Esprit. Il suffit d'ailleurs d'observer les variantes que prennent deux symboles (l’Equerre et le Compas) au cours des trois grades de la Maçonnerie Bleue pour être convaincu que tel est bien l'enseignement de tous les rites maçonniques sans exception, même si ces variantes ne sont plus comprises.


2) Notre Rite est déiste. Pourquoi ? 

Parce que le développement progressif de notre Connaissance de la Vie, de l'Homme et de l'Univers aboutit inéluctablement à la Primauté d'un Principe causal d'ordre supérieur. Que ce soit à travers les enseignements de la Tradition avec un grand T, que ce soit à travers les conclusions des sciences de pointe comme la physique nucléaire et la théorie des quanta, nous aboutissons aux mêmes constatations.


Durant des millénaires, on a qualifié ce Principe supérieur du nom de Dieu. Actuellement les physiciens d'avant-garde le qualifient de Champ de création pure ou de champ unitaire. Nous qualifions le Grand Architecte de l’Univers de « Principe ordonnateur que l’on peut invoquer sous cent noms divers » et que la « raison humaine est aussi impuissante à définir qu’à nier » parce qu'il nous semble qu'il préside à l'Ordre du Cosmos et qu'il est à l'origine de toutes les manifestations qui s'y déroulent. 


Mais il est évident que pour nous, il ne s'agit nullement d'un Dieu révélé et personnalisé, et affublé de multiples qualificatifs à consonance humaine et nous ne faisons jamais de théologie au sein de notre Ordre. Ceci nous différencie totalement de la Grande Loge d'Angleterre et de la maçonnerie anglo-saxonne en général, qui, elle, est théiste.[2] 


Quant à nous, nos Grandes Constitutions n'affirment nullement l'existence de Dieu et imposent encore moins d'admettre cette affirmation. L'article 1er de nos Grandes Constitutions dit simplement ceci : 

« La Franc-Maçonnerie du Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm (...) a pour base essentielle la croyance en une Puissance Suprême exprimée et invoquée sous le nom de Grand Architecte de l'Univers. »[3]


Pourquoi notre Rite est-il aussi symbolique et initiatique. ?

 La Maçonnerie opérative nous vient du plus lointain des âges, des constructeurs de pyramides aux bâtisseurs de cathédrales en passant par les corporations tyriennes, judaïques, les collegia romains et les confréries médiévales. Elle a été le véhicule d’une technique initiatique bien avant qu’elle ne donne naissance à la Maçonnerie spéculative.

 

Elle créa un langage symbolique dont les outils attribués aux grades d’apprenti, de compagnon et de Maître sont des exemples ; ceci afin de transformer la pierre brute (le profane) en pierre taillée prenant sa place dans l’édifice du Temple universel.

 Dans les Loges, l’enseignement initiatique repose sur la volonté et l’effort fait par chacun pour tailler sa pierre. Le symbole, langage universel permettant de surmonter le barrage des langues et de leur confusion a pour fonction de suggérer : il reste un système ouvert pour une pensée libre.

 

Par l’initiation, notre Rite appelle à une forme d’esprit toute particulière, tournée vers la transcendance, c’est-à-dire la recherche du monde divin en soi, de la sacralité de sa propre vie, grâce à la transmutation de la personnalité profane en personnalité initiatique.

 

Pourquoi le Rite est-il ésotérique ?

Dans les Constitutions du Rite de Memphis-Misraïm, nous pouvons lire cette proclamation :

« Tu as deux oreilles pour entendre le même son, deux yeux

 pour percevoir le même aspect, deux mains pour exécuter

 le même acte ».

De même : « La science maçonnique est ésotérique et exotérique :

  -     l’ésotérisme constitue la Pensée,

  -     l’exotérisme est l'action qui en découle ». 


Pourtant aujourd’hui encore, à l’intérieur même des obédiences, le concept d’ésotérisme est confondu avec celui d’occultisme. Il est donc nécessaire de rappeler la définition de ce qui est « ésotérique », qui vient du grec esoterikon – réservé aux seuls adeptes – qualification donnée dans les écoles de pensée des anciens philosophes, signifiant que certains domaines étaient incompréhensibles ou difficilement interprétables par les non-initiés.


Pourquoi le Rite est-il de maçonnerie égyptienne ?


Notre Rite estime avec de nombreux arguments à l'appui que ses sources résident dans le courant des mystères initiatiques de l'antiquité, que ce soient les mystères d'Isis, d'Osiris ou d'Horus en Egypte, les mystères d'Eleusis ou de l'orphisme en Grèce, les mystères de Mithra en Perse.


 De tout temps, l'homme a tenté de comprendre le cadre cosmique où il est intégré, de découvrir les secrets de sa propre nature et de vérifier si la vie présente, mélange apparemment illogique de bien et de mal, de lumières et de ténèbres, a un sens caché. 

Or il y avait dans l'antiquité abondance des formes de l'initiation, car les Anciens ne voyaient aucun inconvénient à cumuler les mystères et à multiplier les initiations, car, comme le dit Jean Mallinger, "le but de l'initiation qui est la libération de l'Homme et son accession à une Vérité cosmique valable, était le même dans toutes les écoles initiatiques. Tous les chemins conduisaient vers un Centre Unique par des rayons différents, se complétant parfois l'un l'autre par la diversité des techniques utilisées. Comme il est apparu que la source la plus lointaine d'une Sagesse indivise entre orient, la Grèce et l'Egypte se situait en Egypte qui fut le foyer et le point de départ de nombreux courants initiatiques, notre Rite se dit Egyptien. Misraïm qui signifie Egypte." 


Quelle que soit la valeur des légendes rapportées, d'une part par les frères Bédarride pour le Rite de Misraïm en 1845 dans leur ouvrage: "De l'Ordre maçonnique de Misraïm", d'autre part, par Jacques-Etienne Marconis dans ses livres "L'Hiérophante" (1839), le Sanctuaire de Memphis (1849) et le Rameau d'Or d'Eleusis (1861), il apparaît tout à fait vraisemblable que l'un et l'autre Rite trouvent leur origine en Egypte via peut-être l'expédition de Bonaparte. 

Ajoutons l’analogie du rituel d’initiation maçonnique avec le rituel initiatique du Livre des Morts comportant toujours trois étapes : rite de séparation d’avec le monde profane, épreuves, voyages, mort symbolique, renaissance à une vie plus éclairée.


 Pourquoi est-il traditionaliste ?


 Par le qualificatif de "traditionaliste", les Maçons du Rite veulent rappeler leur solide attachement à la Tradition maçonnique, véhicule de la Tradition Primordiale, fonds commun universel, patrimoine constitué par les acquis d'une multimillénaire quête de l'humanité pour la Connaissance. 


La Tradition maçonnique n'est autre que l'expression de la "charte immuable" des valeurs essentielles de toutes les civilisations passées et à venir. Cette charte est fondée sur le respect des droits et de la dignité de l'être humain dans l'indépendance de son esprit et l'intégrité de son corps.


 La négation de ces valeurs qui forgent notre éthique signerait une régression certaine quelle que soit l'explosion des progrès technologiques ou scientifiques. Dans la confusion qui caractérise souvent notre époque, on a édulcoré, dénaturé même ce terme de Tradition en lui attribuant une connotation soit désuète, soit rigide, conservatrice et "intégriste". Gardons-nous donc des déviations de langage qui traduisent une dégénérescence des idées correspondantes ! 


Notre référence à la Tradition ne doit pas être confondue avec un "passéisme stérilisant" ou un "conservatisme borné". Rompre avec la Tradition, c'est rompre avec la Sagesse et les Principes universels de la conscience humaine. 

 

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Structure de l'Ordre de Memphis-Misraïm 


La structure de l'Ordre de Memphis-Misraïm est pyramidale, c'est-à-dire qu'elle est composée d'un certain nombre de corps maçonniques étagés depuis les Loges Bleues jusqu'au Souverain Sanctuaire, corps Maçonniques qui sont de bas en haut:


 - Les Loges du 1er au 3e degré qui constituent la Maçonnerie Bleue, dite aussi la Maçonnerie Symbolique. La Maçonnerie symbolique étudie la morale, donne une explication du symbolisme et dispose les commençants à la recherche philosophique. 

- Vient ensuite la Maçonnerie Philosophique du 4e au 33e degré. La Maçonnerie philosophique enseigne la philosophie de l’histoire ainsi que les mythes de l’antiquité. Son objet est de pousser à la recherche des causes et des origines.

- Le 33e degré relie la Maçonnerie Philosophique, dite Écossaise à la Maçonnerie Hermétique, du 34e au 90e degré. La Maçonnerie hermétique s’occupe de haute philosophie, étudie les mythes religieux des différents âges de l’humanité et admet le travail philosophique occulte le plus avancé.

 - Le Souverain Sanctuaire National qui réunit les titulaires du 95e degré est l’autorité suprême du Rite dans un pays. Il est présidé par le Grand Maître National (97e degré, ad vitam).

 

Tous ces corps constitués ont une hiérarchie intérieure et des obligations et des droits déterminés par les lois et décrets émanant de la Puissance Suprême de l'Ordre.


 Il nous faut souligner ici que le Rite de Memphis-Misraïm est loin d'être la seule structure pyramidale Maçonnique. Le Rite Écossais Ancien et Accepté en 33 degrés, le Rite Écossais Rectifié en 8 degrés, I'Ordre international Mixte, le Droit Humain, également en 33 degrés, et enfin la Grande Loge Féminine de Belgique qui a récemment suivi l'exemple en s'adjoignant les Hauts Grades, ont tous une structure pyramidale.


 L’Autorité suprême du Rite est le Président du Souverain Sanctuaire International, Grand Maître Mondial, qui est détenteur de droit du 99e degré, suprême dignité du Rite. Dans l’usage courant, il porte le titre de Sérénissime Grand Maître Mondial remplaçant le titre traditionnel de Grand Hiérophante Mondial qui reste utilisé dans certaines circonstances (dans le plan initiatique).

 La structure de notre Rite peut vous paraître énorme et grandiloquente comme elle l'a paru et paraît toujours aux yeux de nombreux Maçons des autres Rites. Certains dénoncent le parasitage d’une hiérarchie de « droit divin », mais où voit-on les règles traditionnelles se pervertir sinon dans les grandes obédiences maçonniques qui fonctionnent selon les mêmes règles et les mêmes critères que les structures profanes auxquelles elles ressemblent de plus en plus. 


Contester le principe de la hiérarchie pyramidale, c’est contester la Tradition même. Il ne s’agit pas de nier de toujours possibles abus de pouvoirs de personnages aux intentions malsaines qui voileront leur autoritarisme sous le masque du sacré, mais de restaurer le sacré dans sa juste transcendance. L'importance de cette structure pyramidale et les droits exercés par le Grand Maître s'expliquent pourtant facilement.


Tout le Rite est organisé comme une grande pyramide au sommet visible de laquelle se trouve le Souverain Grand Maître Général tandis qu’au sommet invisible se trouve le Sublime Architecte de tous les Mondes, dont la présence rend les travaux sacrés. Cette présence, qui est sentie par tous, est invoquée pour qu’elle intervienne dans la direction des travaux eux-mêmes. Cela en harmonie avec le principe que la lumière vient d’en haut. 


 Le Grand Maître qui est au sommet de la pyramide, est le Souverain Grand Conservateur du Rite. Tous les membres du Souverain Sanctuaire sont Grands Conservateurs du Rite, et ont prêté à cette occasion un serment solennel et contraignant. 

 Dès les premiers Statuts parus en 1818, I'on se rend compte que l'Ordre est basé, non sur le nombre, mais sur la sélection, non sur le vote de la base, mais sur l'autorité de ses instructeurs.


En harmonie avec le principe selon lequel la remontée doit se faire du bas vers le haut par stades successifs de conscience, le Rite se développe en plusieurs niveaux organisés comme des petites pyramides l’une dans l’autre, dont le sommet est investi des fonctions correspondantes par le sommet visible de tout l’organisme, unique détenteur de la dignité sacerdotale.


 À partir des trois grades bleus se sont créés une série de niveaux hiérarchisés avec l'apparition de qualités ou d'enseignements nouveaux non réductibles aux niveaux précédents jusqu'au Souverain Sanctuaire qui est le néocortex de notre Rite.

 La pratique et la fréquentation régulière des loges bleues montrent à l'évidence que les Frères qui ont accédé à la Maîtrise sont bien loin d'avoir atteint le degré de Connaissance (je dis bien Connaissance et non Savoir) et le niveau de conscience qui devrait être le leur s'ils ont bien assimilé l'entièreté de l'enseignement dispensé au cours des trois grades bleus.


 Il est exact que l'enseignement entier de la Franc-Maçonnerie est compris dans ces trois grades. Théoriquement, comme le dit Goblet d'Aviella, I'un des maçons belges les plus éminents, ce sont les Maîtres qui seuls possèdent la plénitude et la finalité du Secret maçonnique. Mais quel est le Maître qui peut se targuer de posséder cette plénitude et cette finalité au reçu de sa Maîtrise ?

 De la potentialité à l'actualisation, le chemin est dur, plein d'embûches et dure des décennies, sinon toute une vie. Aussi, de nombreux maîtres ne songent même pas à approfondir les devoirs énormes que leur impose ce grade de Maître. Leur ego se satisfait grandement de ce titre et ceux qui n'ont pas vaincu cet ennemi qu'est l'ambition exigent des droits et n'ont cure des devoirs du Maître.


 Quels sont ces devoirs?

1)  Avant tout, être maître de soi-même, ce qui n'est pas évident.

2)  Soutenir à leur tour les Apprentis et les Compagnons dans leur quête par leur exemple, leurs lumières et par leur rayonnement spirituel.

3)  Avoir conscience que pour qu'une Loge travaille de manière optimale, il faut absolument créer entre tous les FF\ un courant d'harmonie et de résonance positive. Il faut un égrégore bénéfique aux travaux. Et les FF\ sentent très vite quand une tenue s'est déroulée avec cet appui ou non.


Je tiens à bien préciser qu'au fur et à mesure que l'on s'élève le long de l'échelle des degrés de notre Rite, les devoirs s'accroissent d'autant. Je sais que de nombreux FF\ des Loges bleues critiquent ce qu'on a appelé les Hauts Grades et n'y voient qu'une source d'hypertrophie de l'ego, une source d'autosatisfaction et de désir de cordonnite et de titres ronflants.


 Il y a une part de vrai dans ces assertions et un certain nombre de frères éprouvent un désir immodéré de posséder de nouveaux degrés. Ce sont ceux qui n'ont guère compris le but essentiel de la Franc-Maçonnerie, car les créateurs des Hauts Grades ne les ont mis en chantier que pour apporter des matériaux nouveaux aux FF\ désireux de poursuivre leur quête initiatique. Les Hauts Grades ne sont que le développement des trois premiers et la présentation de certains aspects, symboles et enseignements qui complètent ceux-ci. 


Il n'y a en réalité que 3 grades en Maçonnerie, ceux des grades bleus. Mais la difficulté qu'éprouve l'immense majorité des FF\ à persévérer dans leur quête jusqu'à leur éveil total a incité cette création de grades supplémentaires. En ce qui concerne les créateurs du Rite de Memphis-Misraïm, il est évident qu'ils ont voulu incorporer dans leur rite un enseignement ésotérique et hermétique très profond conduisant, selon eux, à l'illumination totale et qu'ils ont dû le placer au delà des grades de perfection qui étaient déjà au nombre de 28 en 1780 et de 33 dès 1802. La numérologie sacrée les a donc contraint de monter à 90 degrés au Rite de Misraïm, puis à 99 au Rite de Memphis-Misraïm. 


 Mais il est évident que dans cette longue liste de degrés, certains n'ont que peu d'importance, alors que d'autres constituent des balises majeures et indispensables pour la poursuite de la quête initiatique.


Un dernier mot concernant la structure de notre Ordre.

Certains Frères de notre Rite et beaucoup de Frères des autres Rites s'indignent des pouvoirs soi-disant exorbitants du S\G\M\, qu'ils comparent à un dictateur ou à un pape distribuant les coups de crosse, ce qui, dans leur esprit, est tout à fait antidémocratique.


 Et voilà le mot lâché: ils veulent une F:.-M:. démocratique, accordant le pouvoir à la base ou du moins un pouvoir accru à celle-ci. C'est évidemment inverser l'ordre établi conformément aux lois cosmiques et c'est méconnaître ces dernières et c’est la marque de la grande confusion qui règne à propos de l’idée même d’initiation.


 La démocratie a un sens, et même tout son sens, dans l’évolution de nos sociétés malades vers un art politique qui reste à inventer, à la fois capable d’instaurer l’harmonie et de préserver la créativité. Elle n’a aucun sens dans le domaine de l’initiation.

 Si tous les hommes sont égaux selon la Déclaration des Droits de l'Homme, à laquelle nous souscrivons sans réserve, tous ne sont pas initiables. L'immense majorité des hommes ne se contentent-ils pas de vivre leur vie à travers leurs activités quotidiennes ? Seuls viennent frapper à la porte du Temple quelques hommes de désir qui seront cooptés selon des critères qui sont essentiellement qualitatifs. Il y a donc sélection dès le départ.


Il y a égalité entre tous les profanes qui sont reçus au 1er degré, mais dès que chaque nouveau Frère entame son parcours initiatique, cette égalité tend à disparaître, certains progressant beaucoup plus régulièrement que d'autres et d'autres ne progressant pas du tout parce qu'ils ne font aucun effort pour progresser. On pourrait à la rigueur considérer comme égaux les Frères de même degré mais cette égalité me paraît très arbitraire car les transformations intérieures obtenues par chacun ne peuvent se comparer.


Le Grand Maître, s'il est le président de l'Exécutif, est surtout le Garant d'une Tradition Initiatique qui spécifie le Rite de Memphis-Misraïm. Est-il besoin de dire que le Sérénissime Grand Maître est profondément attaché au principe du consensus dans les décisions qu’il est appelé à prendre. Aucune décision n’est prise sans consultation préalable du Souverain Sanctuaire. Je précise au surplus que sa désignation par le Passé Sérénissime Grand Maître Joseph Meuwis est intervenue sur avis conforme du Souverain Sanctuaire. Toute décision est prise collégialement avec le Souverain Sanctuaire et cette collégialité est de mise dans tous les corps maçonniques à tous les degrés du Rite.


 Il y a certes une transmission de Grand-Maître à Grand-Maître qui permet d'avoir une vue un peu plus large de ce que doit être le Rite sur un plan universel. Certaines archives sont transmises uniquement de Grand-Maître à Grand-Maître et c'est là une spécificité du Rite. Nous sommes dépositaires d'enseignements très anciens provenant de l'antique Égypte et qui sont contenus dans certains degrés (87e à 90e).


 Mais ce dont il faut absolument se convaincre, c'est que le sommet de la hiérarchie pyramidale du Rite a donné la primauté absolue au puissant courant de chaleur spirituelle qui doit constamment irradier de son sein vers toutes les structures de l'Ordre par rapport au pouvoir temporel administratif qu'il représente aussi.


 C’est pour cette raison que les membres du Souverain Sanctuaire tiennent à prendre une part active aux Travaux à tous les degrés et spécialement en Loge Bleue, mais sans revendiquer aucun privilège attaché à cette qualité car ils sont bien conscients que leurs titres ne sont nullement destinés à flatter la vanité humaine, mais bien à souligner et à rappeler les facultés ésotériques que les grades correspondants confèrent par leur initiation propre à leurs détenteurs.


 L'homme est essentiellement perfectible et ce qui est le moteur même de sa perfectibilité, c'est sa composante spirituelle, celle qui le relie au Grand Architecte de l'Univers. Bien sûr, le travail de perfectionnement se fait de bas en haut, de l'Homme vers le Ciel. C'est un travail d'induction qui exige beaucoup de tâtonnements, de recherches, de va et vient, d'illusions et de désillusions, mais qui doit tôt ou tard porter ses fruits.

 

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CONCLUSION

Voilà donc un aperçu de ce qu'est le Rite de Memphis-Misraïm. Je dis bien un aperçu, car, comme tout en maçonnerie, il ne peut être véritablement appréhendé que s'il est vécu de l'intérieur. Il ne prétend nullement supplanter les autres Rites.[4]. Il estime simplement indiquée une certaine voie susceptible de développer la prise de conscience du franc-maçon et il pense, à tort ou à raison, favoriser ainsi son évolution vers le plein épanouissement de sa spiritualité


 Travaillons, mes FF\, dans une optique initiatique, c’est-à-dire un esprit d’humilité, de coopération et de service pour le bien général de l’Ordre en nous élevant au-dessus des contingences individuelles. Sachons nous référer à l’Esprit du Rite et aux principes qui sous-tendent sa structure et alors règneront dans nos Travaux la Sagesse, la Force et la Beauté.

 

[1] Rappelons à ceux pour qui le mot « occulte » évoque encore des films de série B ou des clichés, la définition universitaire de l’occultisme, définition empruntée à Robert Amadou : « L’occultisme est l’ensemble des doctrines et des pratiques fondées sur la loi des correspondances. La théorie des correspondances est la théorie selon laquelle tout objet appartient à un ensemble unique et possède avec tout autre élément de cet ensemble des rapports nécessaires,intentionnels, non temporels et non spatiaux. » (Robert Amadou, L’occultisme, esquisse d’un monde vivant, Editions Chanteloup, 1987. [


2] Dans l'article 1er de sa Constitution, la GLRB dit en effet ceci: "La Franc-Maçonnerie affirme l'existence de Dieu, Etre Suprême qu'elle désigne sous le nom de Grand Architecte de l'Univers. Elle requiert de tous ses adeptes qu'ils admettent cette affirmation. Cette exigence est absolue et ne peut faire l'objet d'aucun compromis, ni d'aucune restriction."


Elle ajoute à l'article 9 de ses Constitutions: "La Grande Loge Régulière de Belgique n'entretient de relations d'amitié qu'avec des obédiences qui professent les principes et les règles énoncées dans la présente Constitution. Elle se refuse à participer à des réunions nationales ou internationales qui admettraient des représentants ou des membres d'obédiences non reconnues par elle. Elle interdit à ses membres de participer à des travaux maçonniques dans de telles obédiences. Elle peut sanctionner par la suspension ou l'expulsion les manquements à ses règles et principes."


[3] L'art. 2 ajoute: « Elle n'impose aucune limite à la libre recherche de la VERITE (...). »


[4] Notre Déclaration de Principes prône quant à elle l'ouverture totale dans les relations interobédientielles. Je cite: 

Art. 8: "L'Ordre Maçonnique Universel du Rite Ancien et Primitif de Memphis-Misraïm (...) ne revendique pas l'exclusivité de l'authenticité maçonnique." 

Art. 9: "Par respect pour les principes traditionnels de la Franc-Maçonnerie qu'il a maintenus et veut maintenir intacts, le Rite de Memphis Misraïm admet l'existence des autres Rites travaillant comme lui à l'accomplissement du Grand-Oeuvre".

Art. 11: "L'esprit maçonnique lui dicte d'accueillir dans ses Temples les Frères des autres branches.

 

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LISTE DES GRANDS-MAÎTRES MONDIAUX


En ce qui concerne l'époque contemporaine, nous avons les preuves écrites historiques que les transmissions spirituelles se sont faites en toute légalité et légitimité maçonnique, de Grand Maître "en fonction" à nouveau Grand Maître.


  • 1838                     Jean-Etienne Marconis France
  • 1869                     Marquis de Beauregard Égypte
  • 1874                     Salvatore A. Zola                             Egypte
  • 1881                     Joseph Garibaldi                             Italie
  • 1900                     Ferdinand Delli Odi                        Italie
  • 1902                     John Yarker                                      Grande‑Bretagne
  • 1913                     Théodore Reuss                              Allemagne
  • 1936                     Guérino Troilo                                 Argentine
  • 1946                     Georges Lagreze                             France
  • 1966                     Robert Ambelain                            France
  • 1985                     Gérard Kloppel                                France
  • 1998                     Ch. Syl.                                              Côte d’Ivoire
  • 2006                     Wil. Rae.                                           Belgique

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